La lettre hebdomadaire de Café IA |
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Bonjour à toutes et tous ! Nous sommes le vendredi 24 octobre 2025. Bienvenue dans la lettre d’information de Café IA !
Au menu de cette semaine : on revient sur notre format monumental, le mur de l’IA avec Mickael Audegond initiateur du projet à la communauté d’agglomération d’Arras ✦ La veille de Café IA : Le DSA entre en action… ✦ La ressource de la semaine : le vérificateur de réalité ✦ Et toujours la liste des prochains Cafés IA. Bonne lecture. |
3 questions à Mickael Audegond : Un mur pour parler d’intelligence artificielle ? |
C’est le pari relevé par la Communauté urbaine d’Arras. Installé en plein cœur du marché, le mur de l’IA invite les passants à donner leur avis, en quelques minutes, sur un sujet qui façonne déjà notre quotidien. Loin des conférences spécialisées ou des débats techniques, l’expérience se veut simple, visuelle et conviviale : un café, quelques questions claires, et surtout l’envie de créer un vrai dialogue citoyen autour du numérique.
Entretien avec Mickaël Audegond, conseiller délégué à la Communauté urbaine d’Arras et initiateur du mur de l’IA. |
Dans quel contexte vous est venue l’idée du mur de l’IA?
« L’idée du mur de l’IA est née lors d’une visite à l’édition 2024 du NEC à Chambéry. L’un de nos objectifs pendant ce déplacement était de repérer des concepts, outils et formats inspirants pour préparer les temps forts de notre future édition du mois du numérique, un mois dédié à l’inclusion numérique. Nous cherchions notamment une action visible, conviviale et participative pour les citoyens, organisée dans un lieu central, un peu à la manière d’une « kermesse ».
Au fil des stands et des pitchs inspirants, notre idée initiale a évolué et s’est enrichie. Nous souhaitions parler de numérique sans recourir directement à des outils numériques, mais en privilégiant un format accessible et chaleureux. Le café s’est imposé naturellement : symbole de convivialité dans le nord de la France, il représente un moment de partage et de discussion auquel chacun est habitué. Et puis, nous avons découvert la démarche nationale Café IA.
C’est dans le train du retour que nous avons relié tous ces fils et façonné le concept : un Café, de l’IA… Le mur de l’IA nous semblait alors à la fois simple, visuel et fédérateur ! » |
Comment s’en servir concrètement ? Quelle est son utilité pour une collectivité territoriale ?
« Un mur de l’IA, c’est avant tout un lieu visible, fréquenté et propice à l’échange avec les citoyens. Le principe est simple : aller à la rencontre des habitants dans un espace de passage, tout en gardant à l’esprit qu’ils n’ont souvent que quelques minutes pour s’arrêter et participer. Dans les faits, certains prennent même davantage de temps, preuve que le format suscite l’intérêt.
Pour notre première expérimentation, nous avons choisi un lieu emblématique : le marché d’Arras, au pied du monument préféré des Arrageois. L’idée était de maximiser la visibilité et d’aller directement au contact de la population.
L’animation repose sur quelques questions fondatrices, claires et limitées en nombre : Quoi ? Pourquoi ? Comment ? Avec qui ? Elles posent un cadre simple, donnent du sens à la démarche et permettent d’engager la discussion. L’approche exige une posture de vulgarisation, loin du langage techniciste, afin que chacun puisse comprendre et participer. » |
« Dès le départ, nous avons aussi réfléchi à « l’après » : que faire des données recueillies ? Nous avons décidé d’utiliser ces réponses pour évaluer la maturité du territoire sur ce sujet complexe, en intégrant un critère d’âge grâce à un système de couleurs. Cela permet d’identifier des tendances et des variations selon les générations. Un gros travail a été mené sur la formulation des questions : trouver des mots simples mais jamais simplistes, et faire des choix pour éviter de surcharger les habitants.
Enfin, d’un point de vue pratique, nous avons conçu des supports adaptés : des bâches résistantes pour l’extérieur (vent et pluie), mais aussi des formats papier A0 pour un usage intérieur. Le mur de l’IA a ainsi été déployé dans plusieurs contextes : au marché, lors d’une conférence des maires ou encore dans une journée dédiée aux jeunes. Ce format modulable permet de toucher différents publics, sans fragmenter l’analyse globale des résultats. »
Quel retour tirez-vous de cette première expérimentation ?
« Le mur de l’IA a tenu ses promesses : il a su mettre de l’humain au cœur d’un sujet technologique et ouvrir un dialogue citoyen simple, visuel et convivial. Plus qu’un outil de consultation, c’est un levier pour engager la société, apaiser les débats et rapprocher le numérique du quotidien de chacun. Multiplions ensemble ces moments d’échanges, pour que chaque territoire, chaque citoyen, puisse contribuer à façonner un avenir numérique plus humain et partagé. »
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A NEC Strasbourg, les 29 et 30 octobre nous vous proposerons un mur de l’IA, l’occasion de voir concrètement le dispositif pour vous inspirer et vous l’approprier dans vos collectivités et événements et de faire revenir le mur dans le lieu qui l’a inspiré. Le mur de l’IA sera également au programme du Café animation du 20 novembre pour vous aider à adapter ce format monumental et donner de la visibilité aux actions numériques de vos territoires.
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☕ Les actualités de Café IA
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Les prochaines sessions Café IA se dérouleront : - Le 28 octobre, à Strasbourg, à la veille de Numérique en Commun[s], un Mega Café IA réunira la communauté de la médiation autour de l’IA au Digital Village.
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Le 28 octobre, à Ploufragan, le Village by CA des Côtes-d’Armor, en partenariat avec le Medef Côtes-d’Armor et l’UIMM Côtes-d’Armor, accueillera Guillaume Renvez pour un Café IA Prompt au Village Crédit Agricole.
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Le 30 octobre, à Bordeaux, un Café IA sera organisé avec Pimms Médiation.
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Le 4 novembre, à Clermont-Ferrand, à l’Université Clermont Auvergne, Mariko proposera les Cafés IA au KAP - Learning Centre autour du thème « IA et Santé »; et à Troyes, Benoit Martins Da Silva et Le Rucher Créatif animeront un Café IA Pro.
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Le réseau Canopé Hauts-de-France organise de très nombreux Café IA: le 5 novembre à Villeneuve-d’Ascq, le 19 novembre à Amiens et à Saint-Lô, le 25 novembre à Alençon… et il y a plein de dates sur le mois de décembre…
Retrouvez également tous les Cafés IA PME-TPE France Num par ici, dont des sessions à Côtes-d'Armor (22), CCI Maine et Loire (49), à Nancy (54), à Paris (75).
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Également dans notre agenda :
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🎨Les Cafés animation à venir !
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Vous souhaitez animer un Café IA ou partager votre expérience ? Participez aux prochains cafés animations en ligne, le jeudi de 13h30 à 15h pour découvrir des formats d’animation, des ressources pédagogiques sur l’IA et faire part de vos retours d’expérience. Un moment convivial pour s’inspirer et apprendre ensemble !
Jeudi 13 novembre : Jouer, informer ou pratiquer : les modalités de Cafés IA pour animer.
Jeudi 20 novembre : Le mur de l’IA, un format monumental pour donner de la visibilité aux actions numériques du territoire.
📅 Pour vous inscrire aux prochains échanges, c’est ici. |
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Le DSA entre en action
Un tribunal néerlandais a ordonné à Meta d'accorder aux utilisateurs de Facebook et d'Instagram aux Pays-Bas le droit de définir un flux chronologique par défaut. Cette décision, rendue suite à une plainte de Bits of Freedom, une association néerlandaise de défense des droits numériques, est l'une des premières en Europe à voir des dispositions clés de la loi sur les services numériques (DSA) appliquées avec succès dans le cadre d’une procédure civile, explique Tech Policy Press. Le tribunal d'Amsterdam a estimé que les flux algorithmiques automatiques de Meta constituent un dark pattern interdit au sens de l'article 25 du DSA, car ils restreignent la capacité des utilisateurs à faire des choix autonomes quant à la manière dont ils consomment l'information - un droit que le tribunal a qualifié d'essentiel pour une société démocratique. En raison notamment des élections néerlandaises du 29 octobre, Meta doit donc modifier ses plateformes rapidement, sous peine d'amende. Dans une déclaration à Reuters, Meta a annoncé son intention de faire appel de la décision sans que cela ne suspende l’ordonnance à se mettre en conformité.
Pour Rejo Zenger, responsable du plaidoyer de Bits of Freedom, « en déterminant l'ordre et le type de contenu que les utilisateurs voient, Meta façonne leur vision du monde ». « D'un point de vue juridique, ce combat peut sembler une question de conformité au DSA, mais en pratique, il s'agit d'un sujet bien plus vaste : l'autonomie des utilisateurs et le droit de contrôler leur propre environnement informationnel ». Bits of Freedom a également déposé plainte auprès du coordinateur des services numériques irlandais dans l’espoir qu’une même décision puisse s’appliquer à toute l’Europe et pas seulement aux Pays-Bas, mais Zenger rappelle que le DSA offre peu de soutien à la société civile et qu’il est donc lourd et coûteux pour elle de s’impliquer dans ce type d’actions juridiques.
Signalons encore que le DSA Observatory a publié un rapport sur les mesures que peuvent mobiliser les particuliers et les associations dans le cadre du DSA, notamment sur la modération de contenus, les risques systémiques, la transparence et les obligations de conception. Les difficultés à réaliser des démarches administratives s’aggravent
Selon l’enquête de l’accès aux droits 2025 du Défenseur des droits, en 2024, 61% des sondés rencontrent des difficultés à accéder à leurs droits, qu’elles soient ponctuelles ou régulières, contre seulement 39% en 2016. Des difficultés qui touchent toute la population, y compris ceux habituellement moins concernés (+ 86 % pour les cadres ou professions intermédiaires, + 75% pour les diplômés de master et plus). Cette aggravation n’est pas liée uniquement à la dématérialisation, rappelle le Défenseur des droits. C’est bien l’accès aux droits qui est rendu plus difficile, quelles que soient les modalités pour les faire-valoir, explique le rapport. De la difficulté à obtenir un rendez-vous ou un renseignement, à l’absence de réponse ou à des réponses tardives, en passant par les erreurs de traitements ou la complexité des démarches, c’est bien l’accès aux droits qui est en souffrance.
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La suppression du télétravail reste marginal
L’observatoire du télétravail publie une enquête qui montre que, contrairement au discours dominant, la suppression du télétravail reste marginale, et que la réorganisation des espaces de travail sur site a elle été très forte. Le rapport souligne enfin que les salariés qui y ont recours le plébiscitent toujours et qu’il est même devenu une “béquille” pour la santé des travailleurs, leur permettant de réduire le stress voire d’être un palliatif à l’arrêt maladie.
La panne d’Amazon Web Services : le réveil élastique de la dépendance
Qu’est-ce qui relie Duolingo, Canva, ChatGPT, Hinge, Netflix, Reddit, Ring, Signal, Strava, Twitch, Venmo, Wordle, Zoom et plus de 1 000 autres services ? La réponse est apparue lundi lors d’une panne mondiale : ils dépendent tous des serveurs d’Amazon en Virginie. Au cœur de l’incident se trouvait « US-EAST-1 », un datacenter situé dans le nord de la Virginie et appartenant à Amazon, qui a rencontré un problème lundi matin.
Amazon Web Services est le plus grand fournisseur d’infrastructures cloud dans le monde. La panne a touché des sites et applications de réseaux sociaux, de créativité, de loisirs, ainsi que des plateformes éducatives, professionnelles, de sécurité et des banques. Les services de commerce et de distribution, y compris ceux d’Amazon, ont également été fortement impactés. Au cours de la journée, plus de 8 millions de problèmes ont été signalés à travers le monde.
Le problème proviendrait des services DNS (Domain Name Servers, qui associent les noms de domaine à des adresses numériques) et des APIs (Application Programming Interfaces, qui servent d’interface entre les clients et les serveurs) dans le fonctionnement des services de cloud « élastiques » (EC2, Elastic Compute Cloud) d’Amazon. L’élasticité des services cloud permettent aux fournisseurs de centraliser les tâches de calcul en allouant dynamiquement les ressources serveur, fournissant uniquement la puissance de traitement et l’espace nécessaires à un instant donné. La plupart des grands sites, y compris ceux qui utilisent l’intelligence artificielle, ont désormais adopté ces infrastructures cloud (« IaaS », Infrastructure-as-a-Service), qui promettent de réduire les coûts et, théoriquement, l’impact environnemental par rapport à l’utilisation permanente d’un serveur dédié.
Cependant, cette centralisation comporte le risque de créer des points de défaillance uniques, qui peuvent provoquer de grandes pannes lorsqu’un seul datacenter rencontre un problème. À mesure que de plus en plus de services deviennent numériques, les pannes peuvent avoir des effets étendus, allant des services en ligne aux hôpitaux et même aux interphones connectés.
La révélation la plus marquante de la panne est la dépendance et la diversité des entreprises ayant choisi d’utiliser les services d’Amazon, en faisant transiter leurs services et potentiellement leurs données par les États-Unis. Cela n’est pas surprenant pour Amazon Shopping, mais l’implication de Signal, par exemple, qui se revendique pour sa confidentialité et se distingue des entreprises technologiques américaines, peut surprendre.
Workslop : l’essor du travail de remplissage
En Australie, le cabinet de conseil Deloitte vient de rembourser 250 000 euros au ministère de l’Emploi suite à la production d’un rapport qui a un peu abusé de l’usage de l’IA générative, expliquent le Financial Times et le Figaro. Peu après la publication de ce rapport sur les dysfonctionnements d’un système de prestations sociales gouvernemental, des universitaires australiens qui y étaient cités ont découvert des erreurs importantes, leur attribuant des travaux qu’ils n’avaient pas commis, selon une enquête publiée dans l’Australian Financial Review. Chris Rudge, chercheur à l’origine de la découverte, a exprimé son inquiétude quant aux effets sur la réputation des universitaires : leurs noms, « construits au prix d’efforts considérables pour produire des recherches de qualité », auraient été « hijacked ».
Le plus inquiétant finalement est de constater que si le rapport n’avait pas été publié, l’utilisation problématique de l’IA générative aurait pu passer inaperçue.
Le cas australien n’est pas isolé : Récemment au Royaume-Uni, plusieurs avocats ont été signalés au l’organe de régulation du barreau, le Bar Standards Board, par le haut tribunal de l’immigration, après avoir cité plusieurs jurisprudences fictives - dans des affaires séparées révélées en septembre et octobre. Mis en difficulté par les juges, ils avaient tous les deux tenté de dissimuler leurs recours à ChatGPT, avant que la cour ne conclue que les actions étaient « sans intégrité, honnêteté ni compétence ». Leurs usages auraient pu avoir pour conséquences l’emprisonnement, voire la déportation, des personnes au centre des affaires portées devant le tribunal.
Plus largement, 457 cas d’usages problématiques de l’IA dans les décisions juridiques ont été identifiés par Damien Charlotin, chercheur à HEC Paris, et publiés dans une base de données téléchargeable sur son site web. Classé par catégories : « fabriquée », « citations fausses », « mal représenté », ou « conseils démodés », cette méthode met en lumière un usage problématique de l’IA à travers le monde, de l’Argentine au Zimbabwe.
Mais pourquoi les avocats utilisent-ils l’IA de cette manière, malgré les risques ? Nous pouvons nous référer à des problèmes structurels du domaine de la justice, notamment un manque important d’avocats spécialisés dans certains domaines telles que l’immigration, par exemple. Cette situation a un double effet, poussant des avocats surchargés à prendre des raccourcis, tout en réduisant le choix disponible pour les plaignants. Cependant, une enquête de 404 Media aux États-Unis a révélé que, bien souvent, les avocats accusent leurs assistants d’être responsables de ces erreurs.
Des chercheurs de la Harvard Business Review, examinant cette dynamique, accusent le « workslop » (du travail « ni fait ni à faire », bâclé voir inutile, du travail de remplissage, contraction de work et de slop). Cela est défini comme du « contenu de travail généré par l’IA qui se présente comme un bon travail, mais qui manque de substance pour faire avancer de manière significative une tâche donnée ». L’enquête nous montre que cette production de travail apparemment soigné crée et transfère un nouveau fardeau - une véritable charge de travail - vers une autre personne, qui doit comprendre, corriger voir, potentiellement, refaire le travail. Ce faux travail sur lequel d’autres doivent repasser serait plus massif qu’on ne le dit (jusqu’à 40 % des tâches réalisées avec de l’IA générative au travail, estiment les chercheurs de la HBR)... et surtout aurait pour effet de dégrader les relations de confiance interpersonnelles, entre collègues, voire avec des clients.
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💡 La ressource de la semaine |
Jeu : le vérificateur de réalité
Saurez-vous encore distinguer l’IA de la réalité ? Reality Checkk, est un mini jeu en ligne pour évaluer des images et vidéos et tenter de deviner lesquelles sont réelles et lesquelles sont générées. Moi, j’ai fait un score minable : 3/20 ! 😱 Et vous ? |
On a besoin de vous !
Et vous quelles ressources mobilisez-vous le plus souvent ? On est persuadé que vous connaissez bien plus de jeux, de ressources utiles que nous. Quel outil vous est indispensable pour animer vos ateliers ? Quelle ressource avez vous mobilisé avec succès ?
N’hésitez pas à nous en signaler en nous écrivant à bonjour@cafeia.org afin que nous les repartagions à tous. |
Merci de nous avoir lu ! Si vous avez apprécié la lettre d’information de cette semaine, partagez-la ! Tout à chacun peut s’inscrire ici.
Comme d’habitude, n’hésitez pas à nous faire vos retours. Vous avez des questions, des remarques ou des suggestions ou vous souhaitez que nous abordions un sujet en particulier ? Nous sommes à votre écoute ! N’hésitez pas à répondre à ce mail ou à nous écrire à bonjour@cafeia.org. |
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